Front populaire pour l’école publique !

En cette période tourmentée, il parait important de parcourir les programmes des principales forces politiques en matière d’éducation.

Dans la droite ligne de nos précédentes analyses, notre syndicat s’oppose catégoriquement à ceux déployés depuis plusieurs décennies par les partis néo-libéraux (Parti Socialiste compris, oui oui…) qui se sont succédés au pouvoir. La détérioration des conditions d’apprentissage pour les élèves et des conditions de travail pour le personnel n’est plus à démontrer. Stop à la casse programmée à tous les niveaux (primaire, collège, lycée, lycée professionnel, supérieur…) du service public d’éducation, aux suppressions massives de postes, aux effectifs élèves de plus en plus chargés dans les classes, au recrutement désormais massif de personnel contractuel mal formé et mal rémunéré, à l’école du tri social (notamment à l’actuel projet du « choc des savoirs » et à Parcoursup), à sa marchandisation par secteur, au gel des salaires et au transfert progressif des élèves les plus favorisés vers le privé. Toutes choses mises sur les rails par le passé et en nette accélération (voire en phase terminale) depuis l’arrivée au pouvoir de la Macronie et de « l’extrême-centre ».

Disons-le tout net : outre la vision nauséabonde de la société portée par l’extrême-droite, notre opposition est toute aussi catégorique quant au programme rétrograde porté par le Rassemblement National en matière d’éducation. Le tri social y est confirmé (ce programme ayant même inspiré le gouvernement actuel comme avec le projet de liquidation du collège unique, l’entrée au lycée conditionnée à l’obtention du Brevet des collèges ou la classe « prépa lycée » pour les élèves en difficulté), renforcé par un port de l’uniforme (en primaire et dans le secondaire) venu d’un autre temps et par une généralisation de la vidéo-surveillance des enfants, ainsi que par le recentrage des apprentissages sur le français, les mathématiques et l’Histoire… de France. Loin des besoins d’une jeunesse en droit de s’éveiller au contact de la musique, des arts plastiques, des sciences de la vie et de la Terre ou de l’histoire du monde. Au delà de ces quelques détails, c’est surtout le vide abyssal de ce programme qui est à relever : une quinzaine de pages émaillées d’une belle langue de bois ont suffi à bâcler le boulot. Rappelons enfin que le Rassemblement National ne s’est pas démarqué des autres partis de droite en se positionnant régulièrement pour des suppressions massives de fonctionnaires, mais aussi pour l’anéantissement de la formation et des INSPE, la rémunération au mérite des enseignants et le renforcement des contrôles concernant leurs pratiques. Rappelons aussi qu’il projette de faire la part encore plus belle à l’école privée. Tout est dit. Et puisqu’il est aujourd’hui de notoriété publique que le corps enseignant se laisse pourtant de plus en plus séduire par ce parti (15 % du personnel Education Nationale semble voter pour lui…), disons ici notre incompréhension et notre indignation face à ce constat.

Reste donc le Front Populaire qui, à l’inverse, ambitionne de recruter au plus vite et dans un premier temps au moins 33000 enseignant.e.s afin de permettre de plafonner les effectifs à 19 élèves par classe, promettant par là-même une amélioration mécanique des conditions d’apprentissage pour les élèves et de travail pour le personnel. Sont également annoncés l’abrogation du funeste « choc des savoirs », l’affirmation de la liberté pédagogique, le repas à 1€ pour les étudiant.e.s et la mise en place de mesures pour permettre « la gratuité intégrale à l’école » qui prendraient en comptes les transports, les fournitures, la cantine et le périscolaire. (A celles et ceux qui feraient la fine bouche en se demandant comment tout cela pourra être financé, nous conseillons la lecture plus détaillée de ce programme et rappelons que la Macronie a augmenté la dette française de presque mille milliards d’euros en quelques années, à force de gaver les déjà milliardaires tout en détruisant les services publics, principale richesse de la population…). L’école privée se verrait soumise à des objectifs de mixité sociale, dont on sait qu’elle est un facteur clef de la réussite de tous les élèves. Enfin, et pour « renforcer la pédagogie de la laïcité », le programme évoque « un vaste plan de formation des fonctionnaires à la laïcité ». Une sorte de plan d’urgence pour notre école publique qui en a désormais tant besoin.

Comme dirait l’autre : y’a pas photo !

Une autre école pour une autre société, une autre société pour une autre école.

Front populaire pour l’école publique !


Communiqué du syndicat Lutte de classes – éducation – Limousin du 28 juin 2024.